Liste des conférenciers

Calame, Qu'a l'âme?

Conférenciers Titres Résumés Biographies sommaires

Houriya Abdelouahed (Paris)

Tout le mystère est là

Pour Ibn Arabi, la question de l'être reste indéniablement liée à celle du langage. Et les chemins de l'être n'empruntent pas les sentiers de la philosophie, mais passent par l'épaisseur de la langue. Ce qui fut nommé "ésotérisme" d'Ibn Arabi est en fait une élaboration complexe sur la naissance de la langue et la sensorialité du langage. Partant du débat scolastique sur le corps de Dieu, il arrive, en donnant à Eros la place qui lui convient, à désanthropomorphiser le langage. En philologue, il devance Mallarmé écrivant: "tout le mystère est là".

Houria Abdelouahed est Psychanalyste à Paris

Anne Béraud (Montréal)

Le moteur et l'ogre
Dans le cas d'une névrose obsessionnelle, l'hypocondrie est le symptôme majeure. Les malaises du corps angoissent le sujet qui, pour se sentir vivant doit en passer par la vérification auprès du corps médical qu'il n'est pas malade.

Je tente de faire saisir avec un exemple surgit de la cure, comment, au-delà du déchiffrage du symptôme, il s'agit de débusquer la jouissance incluse dans le symptôme, et ainsi, de séparer l'usage de jouissance condensé dans son symptôme.


Anne Béraud est psychanalyste, membre de l'Association Mondiale de Psychanalyse et de la New Lacanian School. Elle est aussi membre de l'Association des Psychothérapeutes Psychanalytiques du Québec (A.P.P.Q.). Elle possède un D.E.S.S. de psychologie clinique et psychopathologie (Université Paris X Nanterre). Installée à Montréal depuis 1996, elle y a co-fondé en 1998 le Pont Freudien, association de psychanalyse d'orientation lacanienne, dont elle est la responsable. http://www.pontfreudien.org/" .
Elle intervient dans de nombreux congrès internationaux depuis 2004. 
Elle a publié plusieurs articles depuis 1998, parmi lesquels :
« Monique Seguin, experte en suicides », in Le Nouvel Âne, Numéro 10, Février 2010, Paris.
« Du corps-machine à l'analyste-machine », in Mental, Numéro 23, Décembre 2009, France.
« Objet a, jouissance et désir », in la Cause freudienne, Numéro 69, Septembre 2008, Paris.
« Évaluation au Québec et réglementation des psy », in Ruissellement, Numéro 2, Octobre 2006, Montréal.
« À quoi sert une phobie ? », in La petite Girafe, Numéro 21, Juin 2005, Paris.
« Ritalin et suicide au Québec », in Mental, Numéro 14, Septembre 2004, France.
« La féminité : une expérience de solitude », in Ruissellement, Numéro 0, Février 2001, Montréal.

Françoise Bessis (Paris)

De l’abord transférentiel du trauma à l’émergence du sujet

A propos d’une cure entreprise à l’occasion du cancer, sera abordé le rôle crucial de l’autre, tant dans la construction du lien psyche-soma matrice du sujet, que dans ses effets traumatiques mortifères.

Françoise Bessispsychiatre psychanalyste à Paris. Engagée initialement dans une pratique institutionnelle des psychoses dans le cadre hospitalier, puis dans une recherche sur l’abord transférentiel des traumas des liens précoces et transgénérationnels dans le cadre d’une pratique analytique en cabinet.

Il y a 12 ans, création du centre d’accueil thérapeutique P. Cazenave destiné aux malades atteints de cancer et à leurs proches, dans le cadre de l’association “Psychisme et cancer”.

Sur le thème cancer, trauma, psychanalyse, publications, dans la Revue française de Psychosomatique, dans la revue de psychiatrie Nervure, dans la revue Le Coq Héron, dans le Livre de Pierre écrit par L. L. Lambrichs aux éditions du Seuil, etc...

Gilles Bibeau (Montréal)


Yvan Illich a écrit, avec à-propos, que le concept de vie est le dernier bastion de l’humanisme scientifique moderne. Si la vie est banalisée, réduite à une simple théorie du gène et appropriée par la bioindustrie, alors tout un système de philosophie et de culture bascule dans l’obscénité et le vide. Si nous ne revenons pas à l’idée que nous sommes à la fois des êtres de parole et des fabricateurs d’outils, l’humanité pourrait ne pas avoir une très belle fin. L’évolution n’est rien d’autre qu’un cimetière d’espèces qui sont disparues soit à la suite d’une catastrophe cosmique ou, plus souvent, à travers la guerre entre les espèces. Nous serions ainsi la première espèce à s’être auto-détruite. L’humanisme à inventer devra être un humanisme qui réinscrit l’humanité dans la longue histoire évolutive des vivants qu’elle achève en quelque sorte.

Gilles Bibeau, anthropologue, est professeur au Département d’anthropologie de l’Université de Montréal

Edward Bizub (Genève)

Proust: le corps révélateur et problématique

C’est grâce à sa psychothérapie suivie en 1905-1906 avec le docteur Paul Sollier à Boulogne-sur-Seine que Proust a compris l’importance du corps pour la découverte de l’«autre moi» qui, dans son roman, sera révélé comme le moi-artiste. Cette cure a été fondée sur les acquis de la psychologie expérimentale de l’époque, enrichis par les commentaires de philosophes tels que Taine et Ribot. Parmi les concepts fréquemment évoqués alors se trouve celui de la cénesthésie qui relie l’inconscient au domaine des sensations. Si le corps dans le roman proustien «pose problème», il y a deux raisons différentes à cela. D’une part, l’écrivain entoure la notion de l’inconscient d’un halo poétique qui cache - délibérément? - ses sources scientifiques. D’autre part, une certaine critique a voulu minimiser le rôle du corps: celle qui trouve que le positivisme proustien rend l’auteur moins «moderne», ainsi que celle, fondée sur la psychanalyse, qui ne reconnaît pas sa propre filiation avec la psychologie expérimentale et pour qui le corps proustien est alors source de gêne.
La démarche de Proust, fondée sur les théories du 19e siècle, ressemble-t-elle à une nouvelle épistémologie? Il vaut la peine en tout cas de se poser la question.

Aujourd’hui chercheur indépendant, Edward Bizub a enseigné l’anglais au Collège de Saussure à Genève et la littérature comparée à l’Université de Genève et à l’Université de Lausanne. Après un doctorat de troisième cycle à la Sorbonne (Paris IV) au sujet de l’expression du temps dans le théâtre de Samuel Beckett (1980), il a poursuivi et obtenu un autre doctorat sur les rapports entre Proust et Ruskin à l’Université de Genève (1988) sous la direction de George Steiner.

En dehors de nombreux articles, en particulier sur Proust et Beckett, il a publié «La Venise intérieure: Proust et la poétique de la traduction» (à la Baconnière, Neuchâtel, 1991) et «Proust et le moi divisé. La Recherche: creuset de la psychologie expérimentale (1874-1914) (Genève, Droz, 2006). Il va publier prochainement un essai sur les rapports entre Beckett et Descartes.

Martin Boisseau (Québec)

En 1890, Maurice Denis affirmait : « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. »Cette célèbre déclaration du peintre Maurice Denis sera le point d’arrimage de mon intervention. Le peintre indique qu’au coeur de la modernité, artistique du moins, l’articulation (voire la tension) entre image et matériau est fondamentale.
Par cette prise de parole, je voudrais mettre en triangulation certaines pratiques iconophiles de l’époque byzantine (gratter et manger «de» l’image), certaines pratiques artistiques plus contemporaines (autoréflexives) et une sculpture portable que j’ai fabriqué et que je porterais, au moment de ma présentation.Verbalement, j’essaierai de montrer que la tension entre image et matériau (entre image et matière imageante), si centrale en arts visuels, trouve certains équivalents dans le travail analytique. J’essaierai de faire entendre et de faire voir que la tension entre image et matériau (comme entre esprit et corps) est la condition de possibilité même de ce qui (osons calmement ces mots) permet le langage et la signification.

Martin Boisseau, artiste, est né en 1967 à Montréal. Depuis une vingtaine d’années, Martin Boisseau développe une pratique artistique multi et interdisciplinaire. Il utilise tantôt la gravure, le dessin, la photographie, la vidéo et différentes techniques associées à la sculpture (assemblages, structures mécanisées). Il a montré ses travaux dans une cinquantaine de manifestations en arts visuels (expositions individuelles, de groupe et événements spéciaux). Le dénominateur commun à ce corpus d'oeuvres, apparemment hétérogène, concerne une mise en procès des dispositifs de représentation. La plupart de ses travaux mettent en relation différents éléments associés au langage visuel. Les questions relatives aux équivalences, à la traduction, à la transcription sont au coeur de ce travail artistique. Ses oeuvres font partie de plusieurs collections publiques dont le Musée national des beaux-arts du Québec, la Banque Nationale, la Bibliothèque nationale du Québec, le Musée d’art de Joliette, le Centre d’art de Baie Saint Paul et la collection de l’Université du Québec à Montréal. Martin Boisseau est représenté par la Galerie Graff à Montréal. En 2002, Martin Boisseau a obtenu un doctorat en études et pratiques des arts de l'Université du Québec à Montréal.
1 « Définition du Néo-traditionalisme », revue Art et Critique, 30 août 1890.
2 Il s’agit d’une structure motorisée et articulée, qui se porte comme un sac à dos.
Par son mouvement, ses lampes et ses liquides, elle peut évoquer un corps animé, sans peau.

Danielle Boutet (Rimouski)

L’imaginaire matérialisé : 
la pratique artistique dans l’ensemble transdisciplinaire

Goethe insistera sur les différences entre la connaissance de l’artiste et celle du savant. Celui-ci procède par analyse : il divise la totalité en ses éléments constitutifs ; celui-là par synthèse : il saisit la totalité dans une intuition globale. […] Mais il s’agit bien dans l’un et l’autre cas de connaissance. (Goethe, Écrits sur l’art, Flammarion, 1996, p. 31.)
L’humain ne fait pas que diviser le monde en différentes disciplines et sujets d’intérêt, il l’appréhende via différents modes de connaissance : parmi ceux-ci, il y a le mode scientifique, le mode philosophique, des modes intuitifs, créateurs, herméneutiques, et d’autres encore. Cette présentation situera l’art comme un mode de connaissance à part entière, en l’associant avec les modes de type gnostiques, tels le sacré, l’alchimie et l’hermétisme. À la fois technique de soi (M. Foucault), mode de conscience et mode de connaissance transpersonnelle, la pratique artistique peut être une voie systématique d’exploration et de création de soi et du monde, de ce « Soi » jungien (S. Melanson), ce psychoïde (M. Cazenave), dont nous sommes chacun un microcosme unique.


En travaillant dans son atelier, l’artiste sait qu’elle pense et qu’il se passe quelque chose dans sa conscience concernant une certaine forme de voyance, des impressions de révélation… un sentiment de connaissance qui n’est pas la connaissance comme on l’entend dans la science, mais une autre forme, se présentant plutôt comme un sentiment de transparence, d’éclairement, de luminosité, comme une expérience de l’être.

Danielle Boutet, Ph.D., est compositrice et artiste interdisciplinaire. Elle est professeur-chercheur à l’Université du Québec à Rimouski, spécialiste de l’étude des pratiques, de l’expérience artistique et du processus créateur. Elle étudie depuis longtemps le phénomène interdisciplinaire dans les arts et participe au mouvement transdisciplinaire international, via le Centre international de recherches et d’études transdisciplinaires (CIRET).

Aude Couturier (Lille)

La pulsion, concept qui désigne les effets de conjonction du langage et du somatique, est toujours fonctionnelle chez l’être parlant, elle soutient le narcissisme fondamental, dit primaire. Cependant du fait de la jouissance phallique, la pratique discursive (imaginaire et symbolique) peut occulter le corps dans sa dimension d’éprouvé, infléchissant la fonction narcissique. Nos analysants nous en montrent souvent les signes.
Nous aurons à reprendre les différentes modalités de la subjectivation dans la fabrique de l’humain et nous demander en quoi le processus analytique peut mettre en jeu cette valeur du corps pour permettre au sujet de se soutenir d’autre chose que des identifications imaginaires ou idéales, et éviter que le désir ne se présente que sous les formes de l’insatisfaction ou le fantasme.
Nous avancerons que dans certaines pratiques, comme en fin d’une analyse, cette identification au corps au travers de l’éprouvé corporel (qui représente la pulsion) devient un appui pour le sujet qui ne s’y évanouit plus, donnant corps à la jouissance (d’existence).

Aude Couturier, psychanalyste et psychologue à Paris. Elle pratique dans la région Lilloise depuis 1988. Auparavant elle a été assez liée au mouvement de psychothérapie institutionnelle, dans la région parisienne, dont l’essor était important dans les années 60. Elle a pendant longtemps eu une activité d'analyste de groupe, dans des associations et dans des institutions psychiatriques.
Ses options lacanniennes l'ont liée depuis ses débuts au groupe de Dimpsy. Dans ce cadre elle a participé et parlé à de nombreux colloques et séminaires, avec ou sans Actes, et publié dans des revues professionnelles.
Elle travaille depuis un certain temps sur les modalités, ou le déploiement, des différents discours religieux (et la pensée orientale) dans la structure (du langage). Son hypothèse étant qu’elles nous enseignent, comme Freud a été enseigné par les névroses.

Pascale Devette (Ottawa)

Jacques Lavigne : penser l’institution du sujet

« Comme acte fondateur, au moins pour la pensée moderne [au Québec] […] [i]l faudrait que l’on fasse de Lavigne un point tournant, le début de notre histoire philosophique moderne.3 ». Dans son oeuvre, Jacques Lavigne aborde la question du réel, compris comme une transcendance jamais totalement accessible. En analysant les rapports entre le corps et l’esprit, Lavigne conclu que la meilleure manière d’assumer son humanité est la posture de l’inquiétude, qui concorde avec l’avènement de la conscience de soi et du monde.
« [L’homme] est au delà du monde et ne peut vivre qu’en lui. Il a rompu avec le présent mais pour être livré au temps : à un avenir qu’il ne possèdera que pour le perdre. Il est présent à sa vie et sa vie le fuit. En découvrant le temps, l’homme a introduit un intervalle entre lui et lui, entre le monde qu’il a et le monde qu’il veut. Et cet intervalle il sent que rien au monde et de l’homme ne pourra le combler. L’inquiétude est la conscience de cette rupture. 4»
Pourtant, Lavigne remarque que le sujet, plutôt que de s’instituer dans l’inquiétude, s’englue dans ses affects et se coupe du réel. Lavigne tente alors de comprendre les mécanismes psychiques qui font en sorte d’écarter le sujet de l’inquiétude. Il déplace ce faisant son questionnement de l’inquiétude à l’objectivité, définie comme une capacité du sujet de comprendre et de se confronter authentiquement à la dureté du réel, avec toute la souffrance que cela peut impliquer. Pour élaborer son raisonnement, Lavigne se tourne vers la psychanalyse, qu’il conçoit et utilise comme langage symbolique 5.
Lavigne développe un concept qui vise à comprendre les rapports propres à la modernité et leurs effets sur le sujet. Ce concept, le « faux-féminin », est antérieur au complexe d’OEdipe et, selon Lavigne, le neutralise.
Dans la présente proposition, je chercherai à articuler le concept du « faux-féminin » et ses effets sur le corps et l’esprit. En effet, le système du « faux-féminin » tente de neutraliser, voire de rendre silencieux, les rapports entre le corps et l’esprit, de façon à placer le sujet dans une illusion de puissance qui, en réalité, entrave la progression de son autonomie.

3 André Baril, Entretien avec Marc Chabot, Combat, volume 7, numéro 1
et 2, automne-hiver 2003-2004, p.6.

4 Jacques Lavigne. L’inquiétude humaine, Paris, Aubier-Montaigne, 1953, p.28.

5 Jacques Lavigne. L’objectivité, ses conditions instinctuelles et affectives, Lemeac, Montréal 1971, pp.27-38.

Pascale Devette est étudiante à la maîtrise en politologie à l’École d'études politiques/School of Political Studies, Université d'Ottawa.
Directrice et co-fondatrice du Collectif de recherche et d'interrogation sur les enjeux fondamentaux (CRISEF)





Ghislain Devroede (Sherbrooke)

Soigner : une possibilité de rencontre et d'intégration de deux partenaires 
En médecine scientifique autant qu' en psychologie, il est quasi impossible d' aborder un sujet en demande d' aide suivant les "règles" de l' "art" sans le morceler. Et donc, ce faisant, le maintenir dans la souffrance psychique et somatique que cause la dissociation chronique, si le soignant maintient une frontière factice entre l' esprit et le corps. Il y a deux risques en médecine, celui de médicaliser, ce qui veut dire réduire le sujet souffrant à un organisme malade, et, à l'inverse, psychiatriser, ce qui veut dire réduire la réalité de son corps à un sujet de délire. Mais ceci crée pour le soignant médical le défi de vivre dans une zone d' incertitude sous peine de sombrer dans la schizophrénie. Le même défi se pose pour les soignants de la psyché, qui risquent d'oublier le corps et de se perdre à deux dans une folle fuite vers le haut.

Ghislain Devroede est professeur de chirurgie à la Faculté de Médecine de l'Université de Sherbrooke(Québec) depuis plus de 35 ans. Formé en chirurgie colorectale à la Mayo Clinic,il y a aussi passé deux ans dans l'Unité de Recherches Gastro-intestinales,et il en est sorti avec une maîtrise en physiologie et en statistiques.La première partie de sa carrière a consisté à mettre un peu de logique et de science dans la constipation et diverses pathologies intestinales, avec la mise au point de nombreuses techniques d'évaluation objectives des problèmes. S'en est suivi un intérêt pour tous les problèmes fonctionnels,en général.Plus tard,il s'est intéressé aux motivations inconscientes de l'être humain et au langage du corps. Il a commencé à former les étudiants d'abord, les chirurgiens ensuite, à tout ce qui touche à la relation soignant-soigné. Il a fait en France une année sabbatique en psychophysiologie en 1983, en psychanalyse et langage du corps en 1993, et il a obtenu un diplôme en hypnose Ericksonienne au Québec.

Il est impossible de dépasser les problèmes techniques sans se remettre en question, et il a passé une quinzaine d'années d'introspection, faisant une psychanalyse d'abord, puis s'exposant à diverses méthodes émotionnelles, comme le cri primal et la respiration holotropique, et corporelles portant sur le processus de guérison. Cette combinaison d'intérêts, couplée à sa pratique chirurgicale, qui lui a appris que le corps ne ment jamais, l'a amené à écrire plus de 250 publications scientifiques et faire plus de 450 conférences, un peu partout dans le monde. Il a publié aux Éditions PAYOT (Paris) un livre sur le sens de la maladie, "Ce que les maux de ventre disent de notre passé" (2002 ; poche 2003), et un autre, avec Anne Ancelin Schutzenberger , qui lui avait appris en 1993, l'importance des transmissions transgénérationnelles, "Ces enfants malades de leurs parents " ( 2003 ; poche 2005 ; traduction américaine en " Suffering in silence. The legacy of unresolved sexual trauma" ,GESTALT INSTITUTE PRESS, New Orleans, USA, 2005, second edition 2007; traduction italienne 2006 Di Renzo Editore ). En 1993, il a présidé le 1er Congrès International sur le Processus de Guérison, à Montréal, en présence du Dalai Lama, et en 1994, le second sur leTravail de Deuil comme Processus de Guérison, avec Sogyal Rimpoche, auteur du "Livre TibÈtain des morts", et Dan Bar On,auteur de "L'héritage infernal", psychologue Israelien qui réunit dans les mêmes groupes descendants des victimes de l'holocauste et descendants des bourreaux nazis, et dans d'autres groupes, Palestiniens et Israéliens.
Par ce chemin parfois périlleux, toujours passionnant, il tente d'intégrer son amour de la recherche à sa recherche de l'amour.

Jacques Dufresne (Sherbrooke)

 La cyborghisation: un phénomène hystérique

Le diagnostic

Mille ficelles nous tirent vers la posthumanité, combien de racines nous retiennent encore dans l'humanité? Comment distinguer ces racines des ficelles qui souvent s'enroulent autour d'elles et comment faire en sorte qu'elles se développent et à se multiplient? Pour tous ceux qui entendent rester humains ce sera la grande question des prochains siècles. Les autres n'ont qu'à suivre la pente du progrès technique; ils ont toutefois intérêt à comprendre ce qui leur arrive ne serait-ce que pour pouvoir un jour revenir à l'humanité.

Je présume que vous avez comme moi décidé de rester humains. Le défi que nous avons à relever est à la fois enthousiasmant et désespérant. L'éducation, la psychologie, la morale, le travail, l'art de vivre, la vie quotidienne. nous devons tout repenser pour apprendre, en distinguant les racines nourricières des ficelles aliénantes, à faire les choix qui nous rapprocheront de notre fin.

Puisque je m'adresse à des psychanalystes dans le cadre d'un colloque ayant pour thème faire corps je réfléchirai avec vous sur la posthumanisation en tant que phénomène hystérique. M'inspirant de la caractérologie de Ludwig Klages, je dirai du phénomène hystérique qu'il est une forme de mimétisme, plus précisément «la réaction du besoin de représentation sur le sentiment de l'impuissance à vivre.» Je n'éprouve pas la volupté qui devrait normalement accompagner mes ébats amoureux, qu'importe, je mimerai en les exagérant les manifestations qui accompagnent normalement ces ébats. Ou encore, en mettant ma volonté au service de mes instincts, je multiplierai mon exploit, avec l'espoir que la quantité des opérations compensera la qualité désespérément absente de chacune.

Ainsi se crée, soutenu par le formalisme ambiant, un véritable climat hystérique qui marque la musique en particulier et la consommation en général. J'ai mon Ipad, je jouis donc de tous les plaisirs de la culture. La part de la représentation dans le plaisir augmentant constamment, et celle de la vie diminuant, vient un moment où l'extase du podium, qui est pure représentation, l'emporte sur l'extase cosmique ou mystique qui marque le sommet de la vie. Le culte de record, de la performance s'impose dans tous les domaines. Et puisque le plaisir est associé au succès final obtenu plutôt qu'à l'exercice lui-même, le recours à des drogues et des prothèses pour améliorer artificiellement la performance paraît souhaitable. L'impuissance à vivre peut devenir un mal si profond que le besoin de compenser par la représentation et les moyens techniques qui la renforcent est illimité. Le cyborg est le parfait hystérique.

Le record est le contraire de l'incarnation qui caractérise les plaisirs authentiquement humains. Dans l'incarnation l'esprit et la chair sont en symbiose. Dans le record, l'esprit s'applique de l'extérieur au corps devenu son instrument docile, sa chose, sa machine. Le rapport au corps s'apparente de plus en plus à celui du cosmonaute avec sa fusée. La domination d'une machine extérieure et celle d'un corps devenu machine se ressemblent de plus en plus, ce qui explique sans doute pourquoi dans ce contexte le conducteur de formule 1 jouisse d'un prestige particulier: il domine les deux machines à la fois.

À mesure qu'il se désincarne le plaisir humain se rapproche de ce qu'il sera chez le posthumain: simple enregistrement de données chiffrées correspondant à une performance et à un succès dans l'opinion publique: après avoir battu un record de vitesse on bat les records d'efficacité.

Les remèdes

J'ai trouvé dans ma bibliothèque deux livres qui sont de sources pour la recherche de remèdes aussi bien préventifs que curatifs.
Le premier L'Enfant-Machine du psychiatre Claude Allard a été publié en 1986. J'y trouve ce passage: «Les appels déchirants des enfants en mal d'être nous disent:«Je suis une machine, un robot!» Poussés par des émois inconscients particulièrement violents et mortifères, ils s'identifient aux mécaniques plutôt qu'aux humains qui les entourent. Chacun fut marqué dans son corps réel, imaginaire et symbolique par des événements précoces plus ou moins traumatisants, liés à un environnement dont les échanges étaient pathologiquement mécanisés. Ces aléas pathogènes se sont inscrits dans leur corps tout en marquant profondément leur histoire. Ce corps mécanisé était le seul recours face à la nécessité de survie, une tentative de reconstruction imaginaire, d'un corps perdu, d'un corps manqué, d'un corps morcelé.»

Le second, Cyborg Babies, From Techno-Sex to Techno-Tots a été publié en 1998. Il s'agit d'un ouvrage collectif sous la direction de deux anthropologues: Robbie-Davis-Floyd et Joseph Dumit.  «La psychologue Sherry Turkle nous apprend que lorsque les enfants démontent leurs jouets informatisés pour en découvrir le fonctionnement, ils aperçoivent une puce, une pile, et quelques fils. Voyant bien qu'ils ne parviendraient pas à comprendre tout cela physiquement, ils cherchent une réponse sur le plan psychologique, Ils se demandent si les jeux sont conscients, s'ils savent des choses, s'ils ont des sentiments, et même s'ils peuvent tricher.»

Après avoir commenté brièvement ces passages, je proposerai des remèdes concrets m'inspirant de ce que j'ai appris en observant les nombreux enfants qui sont initiés à la nature sur la ferme où nous vivons depuis quarante ans.

Jacques Dufresne a fait un doctorat de philosophie à Dijon (France), sur Simone Weil. Il a été professeur puis administrateur au cégep Ahuntsic à Montréal, où il a fondé et dirigé la revue Critère pendant dix ans. En1984, il a fondé L’Agora, Recherches et Communications inc. en collaboration avec Hélène Laberge. L’Agora a d’abord été connue par les nombreux colloques qu’elle a organisés sur les médecines douces, l’éducation, la judiciarisation, la mort, etc., pendant une dizaine d’années. En septembre 1993, les Dufresne lancent avec des fonds exclusivement privés une revue d’idées et de débats: L’Agora, puis en 1998, L'Encyclopédie de L'Agora, accessible gratuitement par l'Internet. Il a publié en 1994 un petit livre destiné aux professeurs aussi bien qu’aux étudiants: La démocratie athénienne, miroir de la nôtre. Enfin, en 1999, aux Éditions MultiMondes paraissait son dernier livre : Après l’homme... le Cyborg?

Jean-Marc Duru (Montréal)



Le suicide est parfois une tentative de ré-union de l'ex-istant et de l'être en une seule hypo-stase, traduisant cette question d'être cet au-delà de la mort, à laquelle chaque civilisation répond par son anthropologie, son humanisation, sa spiritualité, sa mystique. En Occident, une approche structurale en psychanalyse peut tenter de s'en faire une représentation clinique, en permettant au sujet de se nommer dans un signifiant incomplet et paradoxal dont l'expérience l'inscrit dans une "j'ouï-sens" autre.

Que l’acte suicide soit une tentative de restaurer une stase originaire homéostatique libérant le sujet de la jouissance insupportable issue d’une forclusion d’un Nom-du-Père, ou soit la ré-union à un Réel supposé comme Hypostase divine, il ne peut faire l’économie du sujet de son inscription dans un désir logé au champ de celui de l’Autre et de lui-même, tous deux étant marqués par la limite structurale.

Faire corps peut être un acte manqué au regard du signifiant du désir énoncé d’un lieu insaisissable loupant sa cible, quelque soit le type d’acte orchestré, Acting Out ou Passage à l’Acte.

L’Acte reste un paradoxe irréductible entre le dire et le désir laissant toujours le sujet autrement signifié au lieu de l’Autre que par le désir dont cet acte est issu, ce qui pose l’impossible rapport entre la vérité ultime du sujet et son savoir.

Faire corps peut être également une tentative de ré-union à un Réel supposé divin, hypostasié par le consentement du sujet à s’en remettre à son incomplétude signifiante, mais le laissant toujours exilé de ce qui fait de lui une hupo-stasis, le sujet « étant » ne pouvant, dans sa finitude, à la fois être ce qui se tient et en être le support, être et ek-sister, être le créateur et le créé.

L’alternative à un « Faire corps » autrement que dans un suicide qui tente de faire rejoindre le sujet à son être supposé, serait alors une inscription du sujet dans un signifiant lui restant singulier.

Sa singularité est qu’il s’inscrit comme désir « autrifié » par un Autre où le sujet accepte, par une supposition de savoir qu’il lui confère, une transcendance de l’incomplétude se spécifiant d’une non réponse quant à l’ultime de son désir de co-naître la cause à jamais in-sue de son être.

La stabilisation de cette incomplétude à laquelle le sujet consent reviendrait alors au sinthome, dont le rôle de suppléance de nomination du sujet réinscrirait celui-ci dans une jouissance autre restant toujours indicible autrement que par son expérience singulière.
Jean-Marc Duru est psychologue et psychanalyste. Il exerce à Montréal

R. Bruce Elder (Toronto)

Modern reason is contemptuous of the senses, whose reports it deems unreliable, and of the flesh, whose solicitations it dismisses with suspicion. Modern reason does not accommodate any countenancing of otherness, as it longs either to convert the body from a flesh to metal or to dematerialize it into electricity. Through commentary on the writings of the artist Stelarc, computer scientists Marvin Minsky and Ray Kurzweil, and the new media theorist Roy Ascott, I shall show how the modern reason (terrified by it feminine implications?) withdraws from any sensuous encounter to affirm its radical autonomy, supposed grounded in the self-legislating principles reason gives itself. This illusion of radical autonomy has depleted reason’s essential function, that of responding to a call that grants us our sense of belongingness to the Order of the Real.


Bruce R.Elder présentera et commentera également son film: A Man Whose Life Was Full of Woe Has Been Surprised by Joy (1997).

Bruce R.Elder, cinéaste, critique, philosophe
Toronto Professor in Graduate Program in Communication and Culture at Ryerson University, R. Bruce Elder is a film-maker, art historian and cultural theorist.
Retrospectives of his film work have been presented by Anthology Film Archives (NY), the Art Gallery of Ontario, Cinématheque Québecoise, Il Festival Senzatitolo (Trento), Images ‘97 (Toronto), and EXiS (Seoul). In 2007 he was awarded Governor-General’s Award in Visual and Media Arts and elected to the Royal Society of Canada. In 2009, his most recent book, Harmony & Dissent: Film and Vanguard Art Movements in the Early Twentieth Century was awarded the Robert Motherwell Book Prize (for writing on modernism) and was named a Choice Outstanding Academic Book. His book A Body of Vision (1998) was an early critique of transhumanist arguments, and he has published subsequent articles on that topic. He has directed doctoral dissertations on embodiment and poetics.

Marie-Michèle Jaouich (Montréal)

Pontages coronariens et jouissance intraitable


À quelle frontière les pontages coronariens ramènent-ils ? Le sujet n’a-t-il de cesse que de s’égarer ? Les pontages coronariens n’amènent-ils pas le refoulement originaire à se fissurer ?  Et lorsque le refoulement veilleur permanent se relâche, n’est-ce pas l’abject qui envahit ? Le corps devient cet étranger inassimilable, le langage déclare forfait. Toutes les tentatives du sujet pour se démarquer de la jouissance maternelle sont surexcitées.

Le chirurgien, ce Sauveur, qui offre un sursis de 15 à 25 ans après les pontages devient ce Grand Autre qui chasse les limites. Il devient ce grand Autre maternel, qui donne la vie et arrive à jouir du corps de ses patients. Il devient le Maître. Le sujet opéré ne semble plus reconnaître les règles du jeu, il est hors jeu. Il ne lui reste plus qu’une qualité « s’opposer ». Il n’est plus ni sujet, ni objet ; d’autant plus que selon les procédures médicales du Québec, il ne reverra plus son chirurgien six mois après son intervention chirurgicale.

Le patient sera dirigé vers un cardiologue qui assurera le suivi et ajustera les prescriptions des médicaments. Une mère qui le met au monde mais qui le laisse à son sort. Quels clivages et quels dénis sont instaurés dès lors ?

Je développerais cette réflexion, ou ce constat à partir des références suivantes qui m’ont amenées à élaborer sur cette jouissance intraitable qui envahit le sujet, cette désintrication pulsionnelle qui le met face à face avec la pulsion de mort.

Marie-Michèle Jaouich est psychologue et psychanalyste. Elle exerce à Montréal.

Karim Jbeili (Montréal)

Narcisse prométhéen 
De Khwarizmi à Descartes et de Freud à Heisenberg,
grandeur et décadence du mythe de la certitude

Il s’agit dans un premier temps de sortir de la fascination qu’exerce sur nous la modernité sans nécessairement la rejeter.Son caractère néfaste vient le plus souvent de ce qu’elle se présente comme unique et salvatrice. Dans un deuxième temps, je crois qu’il faut s’offrir l’espoir que les épistémologies qui dépendent de l’incertitude, et qui sont donc pré modernes ou post modernes, puissent nous révéler des choses tout à fait surprenantes.Elles nous révèlent déjà des choses surprenantes.L’espoir n’est pas là.L’espoir serait plutôt que ces choses surprenantes soient enfin accessibles à notre compréhension.Il nous faut, en somme créer une épistémologie non moderne dans laquelle ces choses surprenantes ne le seraient plus.

Il nous reste des choses fascinantes à découvrir en MQ, en médecine psychosomatique, en psychanalyse, en sciences de la terre, en anthropologie et j’en passe.Il importe que ces choses nous les découvrions dans la transdisciplinarité parce que le but n’est pas seulement de découvrir ces choses mais surtout d’inventer l’épistémologie propre à les accueillir et à les rendre naturelles ou normales.C’est dans cette perspective que ce colloque est particulièrement pertinent.

Karim Jbeili est né en Égypte. Les guerres et les révolutions qui ont embrasé la région l'ont amené à vivre successivement au Liban, en France et, enfin, au Canada, où il a réussi à s'établir, depuis bientôt 35 ans.

Chemin faisant, il a obtenu un diplôme de psychologue à l'Université de Lyon II, puis une formation d'analyste à Montréal, ainsi qu'une formation universitaire inachevée en mathématique et physique.

Analysant et disciple de François Peraldi, il est d'orientation lacanienne. Il a assisté aux séminaires de Peraldi de 1979 à 1992. Il s'est beaucoup intéressé, durant cette période, aux rapports de la psychanalyse et de la science et a exploré les recherches en physique et en mécanique quantique. Il a été membre fondateur du défunt cercle lacanien d'études freudiennes (CLEF). Il anime, depuis 20 ans, des séminaires de formation à la psychanalyse, centrée autour du site internet calame.ca

Ces séminaires ont porté, pendant une dizaine d'années, sur l'écoute des enregistrement et la lecture des séminaires de Lacan. Par la suite, Karim Jbeili s'est préoccupé des rapports Orient-Occident afin de sortir du paradigme de la pensée occidentale et avoir sur elle une vision extérieure. Cette démarche l'a amené à porter une vision d'analyste et d'historien sur la pensée et la société occidentale. Il a associé sa réflexion à celle d'un historien de la culture, Christian Roy, avec lequel il collabore depuis quelques années pour construire une vision psychanalytique de l'histoire du XXe siècle occidental.

Parallèlement, Karim Jbeili s'est intéressé à la psychosomatique et a développé une pratique orientée vers le traitement des traumas et de la douleur. Il a été amené à introduire des modifications techniques à sa pratique analytique, la sensation y gagnant droit de cité dans les associations de l'analysant, au même titre que les pensées et les émotions.

Ses dernier textes sont:
  • De la bienveillance à la paranoïa dans le Coq Héron 2010
  • Anthropologie du geste de Bouazizi, publié sur le site Kapitalis
  • Regard du siècle, siècle du regard, publié sur calame.ca
Il a également publié chez Liber en 2006 un livre intitulé Le psychisme des Orientaux.

Wadad Kochen Zebib (Paris)

 Le Tragique comme transmission

Si le tragique dont nous parlons a pu se saisir par le repérage de ces 2 émergences de la langue :L’intraduisible et le rythmique , ce saisissement est né dans un lieu propre au psychanalyste confronté à la matérialité d’un transfert particulier marqué par ce qu’on appelle « la communication primitive ».

Les temps marqués par l’accueil, l’accord (comme en Danse entre rythme et corps) et l’entente avant l’écoute de la langue, amènent à nous exposer, non sans risque, à la destructivité longtemps dirigée silencieusement vers soi-même.

Nous parlerons d’une clinique spécifique celle qui concerne les sujets souffrant d’un excès de corps - obésité selon les termes médicaux se déclinant en surcharge pondérale ou morbide. Quel est l’impact des discours médico politiques qui font la promotion chez l’homme et surtout la femme du corps formaté selon l’indice de masse corporelle (IMC) ? Discours distillé selon la formule condensé par la Culture de Consommation publicitaire et médiatique, outil de propagande politique, allié avec le « soin » médical : « Sois mince et mange » que reçoivent certaines femmes, à la lettre –du corps- en mangeant et vomissant. Les dites « boulimiques ».

Que nous enseigne la clinique des sujets souffrant dans leur corps d’un excès de corps, mettant en péril leur vie ? Les exposant à montrer dans une détresse muette, un des effets délétères de la culture de consommation. Culture proposant un discours qui éduque l’homme occidental à faire corps dans son excès de corps qui le menace d’un péril mortel, accompagnant une « agonie » psychique derrière laquelle se profile la figure d’une mère « toxique ».

Le Faire (entre langage et présence) avec un sujet mutique, débordé par son corps qui le mutile dans son être, nous amène à une rencontre de sa modalité d’existence qui échappe à l’emprise du discours du Pouvoir et du Savoir. Ce sujet nous conduit à la découverte d’un intime ignoré de lui-même.

Mon expérience clinique qui dure depuis plus d’une décennie, dans un hôpital public de la banlieue parisienne, me permettra de vous proposer un cas clinique (si j’ai le temps) à propos d’une femme ayant traversé tous les trajets recommandés par ce circuit médico-politique et qui m’apprit le verbe psychoter.

Wadad Kochen Zebib est psychologue clinicienne psychanalyste, exerce à Paris et île de France (93)

Travaille les questions relatives au corps  (cancéreux, obèse)  la danse, l’exil, le déni et son meurtre invisible, l’écriture du Trauma.

Engagée dans un travail d’accueil thérapeutique auprès des malades cancéreux au Centre Psychisme et Cancer durant une décennie.

Publications d’articles dans les revues le Coq Héron, Intersigne, Nouvelle revue d’Ethnopsychiatrie, chez l’Harmattan, et bientôt (fin 2011) aux Presses de l’université de Laval -PUL « Là où se réfugient les lignes d’erre ».

Louise Lambrichs (Paris)

Le clonage et ses avatars

Dans une perspective à la fois épistémologique et historique, je proposerai un exposé sur les multiples questions soulevées par la technique du clonage en montrant les possibilités nouvelles qu’offre la technique, les problèmes médicaux et éthiques qu’elle soulève, les théories imaginaires auxquelles cette découverte scientifique a donné lieu, la façon dont ces théories imaginaires reprennent d’anciens schémas (par exemple, la théorie de la génération d’Aristote), etc.

 

Ce sujet intéresse les psychanalystes, puisqu’il touche aux questions de la génération, des pratiques, du secret, du dire sur l’origine, de la filiation, de la transmission, etc. Mais il concerne aussi les chercheurs voire tous les citoyens puisqu’il soulève des questions de société et interroge finalement notre aptitude à penser ce qui est nouveau, voire inédit, dans l’histoire.

 Louise L. Lambrichs est écrivain, chercheur indépendant, Docteur ès Lettres. Elle a publié plusieurs romans, dont A ton image (Seuil, 1998), roman noir mettant en scène et en jeu les enjeux inconscients liés au clonage humain, et plusieurs essais d’épistémologie médicale et historique, en rapport avec la clinique psychanalytique (en particulier Nous ne verrons jamais Vukovar, Philippe Rey, 2005, où elle propose une interprétation inédite, transdisciplinaire, éclairant le mécanisme de répétition génocidaire dans l’espace ex-yougoslave). 


René Lew (Paris)


Synopsis
1. Les registres du corps
1.1. Le corps réel : vie, biologie, physiologie, cadavre...
1.2. Le corps imaginaire : l’image du corps
1.3. Le corps symbolique : la fonction signifiante, l’incorporation, le Père primordial, le phallus, la logique, « lalangue »...
1.4. Le nouage des registres du corps
2. Syntaxe et sémantique du corps
2.1. Le signifiant : l’enchaînement
2.2. La syntaxe ; construction du corps
2.3. La sémantique : valeur du corps
2.4. La métonymie : l’objet partiel
2.5. La métaphore : subjectivation du corps
3. Les effets de l’incorporation
3.1. Négation, forclusion
3.2. Le refoulement primordial
3.3. L’échappement du symbolique
3.4. Sinthome/symptôme
3.5. Le signifiant maître

René Lew est né à Paris en 1946,
• médecin, psychiatre, ancien interne des Hôpitaux psychiatriques de la Région parisienne, ancien praticien hospitalier à l’Hôpital Esquirol, pour lequel il a travaillé uniquement en psychanalyste à la Consultation de psychanalyse du XIème arrondissement de Paris créée en 1987 (au Centre médico-psychologique du XIème arrondissement où René Lew travaille depuis 1971) ; persiste à y travailler comme attaché ;
• ancien médecin directeur du Centre médico-psychopédagogique d’Ivry-sur –Seine (Val-de-Marne) où il a travaillé en psychanalyste de 1975 à 2011 ;
• médecin directeur des CMPP de Montgeron-Crosne et de Vigneux-sur-Seine (Essonne),
• président de l’association de la Lysimaque depuis sa création en 1982, il dirige les Cahiers de lectures freudiennes, la lettre de Topologie, l’Anatife ;

• a participé aux activités de l’École freudienne de Paris, membre de l’École de la Cause freudienne depuis la création de celle-ci en 1982 à sa démission en 1991, membre de Dimensions freudiennes le temps d’existence de cette association, membre de Dimensions de la psychanalyse (association adhérente à Convergencia, Mouvement lacanien pour la psychanalyse freudienne) depuis sa création en 1994 ;
• participe à de multiples colloques, à des activités d’enseignement (Hôpital Esquirol, Université Lille III…), multiples publications.

René Naba (Paris)

Le corps, forgeur d’histoire

Obscur objet du désir ou élément de l’imaginaire social? Interrogation lancinante qui induit une réflexion pluridisciplinaire relevant de l’anthropologie et de l’anthropométrie, de la biologie et de l’oncologie, de la sociologie et de la psychologie, de la théologie et de l’ontologie, de l’hématologie et de l’histologie, de la physiologie, voire même de la philosophie, de la poésie et de la littérature, dont la réponse ne saurait provenir que d’une auscultation méthodique du corps; une problématique qui prescrit un déroulement du corps dans tous ses états. Abordons donc le sujet du corps avant d’entrer dans le corps du sujet, sans préjugés ni concession.
René Naba, Journaliste et Ecrivain, a vécu pendant plus de trente ans sur les «points chauds» de l’actualité internationale, d’abord, en tant que correspondant tournant au bureau régional de l’Agence France Presse à Beyrouth (1969 à 1979) Puis en tant que responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence France Presse (1978-1990).

Français d’origine libanaise, jouissant d’une double culture franco arabe, natif d’Afrique, juriste de formation et journaliste de profession ayant opéré pendant 40 ans au Moyen Orient, en Afrique du Nord et en Europe, l’auteur dont l’expérience internationale s’articule sur trois continents (Afrique Europe Asie) a été la première personne d’origine arabe à exercer, bien avant la diversité, des responsabilités journalistiques sur le Monde arabo-musulman au sein d’une grande entreprise de presse française de dimension mondiale.


Publications

• Livre : Guerre des ondes, guerres des religions (1998)

• Livre : Rafic Hariri, un homme d’affaires premier ministre (1999)

• Livre : Du Bougnoule au Sauvageon, Voyage dans l’imaginaire français (2002

• Livre : Aux origines de la tragédie arabe (2006)

• Livre : Liban, Chroniques d’un pays en sursis (2007)

• Livre : Libye, la révolution comme alibi (2008)

• Livre : De notre Envoyé Spécial, un correspondant sur le théâtre du monde (2009)

• Livre : Hariri, de père en fils, Hommes d’affaires et premiers ministres (2011)

• Livre : Kadhafi : Portrait Total (2011)

• Livre : Les révolutions arabes & la malédiction de Camp David (2011)

Basarab Nicolescu (Paris, Roumanie)


La triple révolution qui a traversé le 20e siècle - la révolution quantique, la révolution biologique et la révolution informatique - a changé en profondeur notre vision de la réalité. Dans cette conférence, je fais mienne l'affirmation de Wolfgang Pauli, Prix Nobel de Physique et un des fondateurs de la mécanique quantique: " […] la formulation d'une nouvelle idée de réalité est la tâche la plus importante et la plus ardue de notre temps." Le concept crucial de la nouvelle vision du monde est celle de « niveaux de réalité ».

Bibliographie :Basarab Nicolescu, Qu’est-ce que la Réalité ?, Liber, Montréal, 2009.
Basarab Nicolescu est physicien théoricien (Chercheur Honoraire) au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et Professeur à l’Université Babes-Bolyai de Cluj-Napoca (Roumanie). Membre de l'Académie Roumaine. Président-fondateur du Centre International de Recherches et Études Transdisciplinaires (CIRET). Membre du Comité Directeur de la Fondation Nationale pour la Science et l’Art (Roumanie). Directeur des collections : « Transdisciplinarité », Rocher (Monaco) « Les Roumains de Paris », Piktos (Paris) et « Science et Religion » et « Science, Spiritualité, Société », Curtea Veche (Bucarest). Rédacteur-en-chef de la revue « Transdisciplinary Journal of Engineering and Science » (Texas, USA). Auteur, entre autres, de

Qu’est-ce que la réalité ?, Liber, Montréal, 2009, Nous, la particule et le monde (Rocher, Monaco, 2002 ; ouvrage couronné par l'Académie Française) , L'homme et le sens de l'Univers -

Essai sur Jakob Boehme (Philippe Lebaud, Paris, 1995, Benjamin Franklin Award for Best History Book, USA), Théorèmes poétiques (Rocher, Monaco, 1994), La transdisciplinarité, manifeste (Rocher, Monaco, 1996), Les racines de la liberté (Accarias - L'Originel, Paris, 2001, en collaboration avec Michel Camus).

Annick Passelande (Montréal)


Qu'est-ce qui cimente une communauté ? Qu'est-ce qui la rend vivante ? Est-ce la même chose? D'où tenons-nous que nous sommes des semblables ? Si ce n'est parce que nous traitons chacun un réel qui nous est extérieur (hors-corps), étranger. C'est du moins ce que l'expérience analytique enseigne.

Je partirai de ce qui dans la psychanalyse fait notre communauté de travail, celle de l'analysant et de l'analyste, elle s'oriente d'une place vide, d'un réel. Puis, je tenterai d'interroger ce qui de cette expérience peut se déduire pour imaginer d'autres formes communes de travail qui soient congruentes avec l'expérience analytique.

Annick Passelande, Psychologue, diplômée de l'Université Toulouse le Mirail en 1984.
Psychanalyste, membre de l'APJL
Co-fondatrice et membre du Pont Freudien à Montréal jusqu'en 2006
Dernier article paru : "La psychanalyse au Canada, vue du Québec", paru dans PSYCHANALYSE n.10.
Séminaire mensuel en cours à Montréal : "Qu'est-ce que sait un psychanalyste ?"

 

Michel Peterson (Montréal)

La vie spectrale des torturés

Je parlerais de la pulsion de mort, de la non-mort qui insiste malgré tout au-delà de la vie biologique quand un homo sacer sur-vit comme mort-vivant en élaborant sur Derrida et Zizek pour poser ce que j'appelle la poste troumatique.

Michel Peterson est psychanalyste, travailleur social et professeur de littérature. Il est membre du comité de rédaction de Liberté et des Conseils éditoriaux des revues Nau literária (Université Fédérale du Rio GRande do Sul) et Frontiers in Psychoanalysis and Neupsychoanalysis (Université Libre de Bruxelles). Il dirige également la collection « Voix psychanalytiques », qu’il a fondée et qui est publiée par les éditions Liber. Il a enseigné au Brésil et a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles dans les domaines de la littérature, de la philosophie et de la psychanalyse, principalement concernant la clinique des personnes torturées.  Il a en outre traduit en portugais Francis Ponge, Réjean Ducharme et Jacques Derrida.

Christian Roy (Montréal)


Le parallélisme épistémologique caractérisant l’Occident procéderait-il de loin en loin de la distinction en Christ de deux natures, humaine et divine, au concile de Chalcédoine (451)? Pas uniquement, puisque l’Orient chrétien s’en réclame aussi. Il y existe pourtant des Églises nonchalcédoniennes et néanmoins orthodoxes, dites monophysites, dont la critique de l’Occident met en cause le diophysitisme. Ces nuances nous aideront à cerner la nature de la désorientation moderne.

Christian Roy est historien de la culture (Ph.D. McGill 1993), traducteur, critique d’art et de cinéma.

Il est l’auteur de Traditional Festivals. A Multicultural Encyclopedia (ABC-Clio, 2005) et de nombreux articles scientifiques, surtout sur les courants de pensée personnalistes. Il mène des études théologiques à l’Université de Sherbrooke, tout en s’occupant d’écologie urbaine à Montréal.

Marc Ruellan (Paris)


Dans Totem et tabou, Freud a repris de Goethe la version corrigée par la méditation du docteur Faust : cette première phrase si connue de l’évangéliste Jean ; Au commencement était l’action. Faust en fait le maître mot de la collaboration avec Méphistophélès, dans l’orgie d’action qui aboutira à l’apocalypse flamboyant de tous les biens de Faust. Cette phrase est la conclusion de Freud dans Totem et tabou ; pour lui, c’est l’apanage de l’homme primitif.

Plusieurs scientifiques actuels ont repris cette phrase comme argument voire comme pavillon de leur recherche scientifique ; parmi eux Alain Berthoz et Jean-Paul Auffray. Ce dernier, dans un conte symbolique, présente l’énergie au monde moderne. Sa lecture laisse apparaître une bien curieuse évolution, qui a commencé il y a plus de deux millénaires et demi, et qui nous pose la question de savoir si la Science, avec son origine grecque et son surgissement dans sa forme actuelle en Occident, c’est-à-dire après les lumières, a pu renoncer à l’ubris, la démesure. Une relecture du conte de Jean-Paul Auffray, mais aussi des affirmations d’Alain Berthoz sur la spécificité de l’action des personnes autistes, permettent d’approcher ce que le champ analytique repère comme défaut de castration symbolique. Les débats philosophiques de grands scientifiques de la fin du XIX° et du début du XX° siècle, qui semblent moins que jamais enterrés aujourd’hui, nous feront évoquer une figure de l’homme moderne. En regardant ce que Lacan a produit comme discours de la Science, nous remarquerons une confusion de l’impossible avec l’impuissance, qui évacue l’impuissance comme telle. La castration symbolique est-elle encore possible ? L’analyse peut-elle y renoncer ? Quel dialogue avec la Science ?

Marc Ruellan a eu des orientations diversifiées. Il a d'abord obtenu Maths sup. et MGP puis un DESS en psychopathologie et un DEA en psychanalyse et, enfin, une habilitation au doctorat en théologie.
Il a publié  «La folie perdue» en 2000 et va publier, probablement durant le colloque, «Entendre la motilité de Freud» chez Liber.
 
Marc Ruellan est psychanalyste à Paris. Il est membre de l’Association Psychanalytique Jacques Lacan (APJL).

Alain Simon (Paris)



Mon approche est franchement structuraliste, mon intérêt particulier : travailler sur la structure de Raymond Abellio, pour en faire la pierre de touche d’une «entropologie», telle que Lévi-Strauss l'appelait de ses voeux. Le champ couvert est très large. De l’ethnologie à la psychanalyse, le modèle rend compte facilement de la forme canonique des mythes de Lévi-Strauss, comm des rapports entre (S, s A, a) de Lacan (ou à titre d'illustration de la structure ADN comme des figures du Yi King).
Il s'agit de rendre compte des faits socio-culturels, au bout le plus chargé de sens d'un axe entropique -que l'on se définira précisément- comme de l'approche quantique en physique théorique, à l’autre bout de la chaine explicative. Ceci donne un sens plus actuel, à l'opposition entre liberté individuelle et émergence d'une identité culturelle.
Juste une piste : l’individu n’est pas l’élément primitif du modèle, ce dernier ne prenant en compte que les «échanges» ou transactions repérables entre deux paradigmes génériques «Je» et «Autre».
Au niveau épistémologique; l'intérêt de l'utilisation d'un modèle de forme fractale est d'offrir une solution de continuité entre un discours "qualitatif", chargé de sens (humaine et supra), et une mesure "quantitative" de l'activité organisée (humaine ou infra); tout en restant enraciné dans ce que la pensée sauvage a de plus durable en nous: classer par dichotomie (la première de toutes, la dichotomie générative essentielle étant l'opposition Je/Autre)

Mots clefs: entropie, information, Lacan, Lévi-Strauss, Abellio.

Alain Simon est psychanalyste à Paris.

Alain Vidal (Montpellier)

Limites planétaires et résilience : « faire corps » avec notre écosystème
Le développement de nos sociétés au XXème siècle a fait passer notre ecosystème planétaire de l’holocène, période relativement stable, à l’antropocène où les changements planétaires sont fortement influencés par l’homme. Plusieurs de nos « limites planétaires », toutes interconnectées (CO2, ressources en eau, cycle de l’azote, biodiversité, etc.) ont d’ores et déjà été dépassées, ou le seront dans les prochaines décennies. Faut-il revoir nos modes de consommation et axer nos comportements et nos politiques sur la préservation de nos écosystèmes ? Faut-il croire aux promesses des innovations technologiques qui nous permettraient de trouver un nouvel équilibre au-delà de ces limites ? Ce sont deux visions du monde qui s’opposent en apparence.

Fort heureusement, le concept de résilience socio-écologique permet de réconcilier ces deux visions et d’imaginer localement des solutions permettant d’optimiser les bénéfices qu’une société humaine peut obtenir des écosystèmes : eau, agriculture, élevage, pêche, énergie, tourisme, patrimoine… Nous revisiterons quelques cas d’écosystèmes et de sociétés pourtant les plus vulnérables de pays en développement, qui illustrent le rôle important des autochtones dont la subjectivité « dit » l’eau et la terre mieux que quiconque. Puis nous tenterons de dégager quelques principes pour que notre société puisse poursuivre un développement harmonieux entre Nord et Sud, tout en « faisant corps » avec l’écosystème planétaire. 
Alain Vidal
est le Directeur du Challenge Program sur l’Eau et la Sécurité Alimentaire du GCRAI (Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole Internationale), un programme de recherche international qui vise à améliorer la sécurité alimentaire dans les pays en développement par une meilleure gestion de l’eau et des écosystèmes. Ingénieur agronome AgroParisTech et bioclimatologue, docteur en sciences de l’eau de l’Université de Montpellier,
Alain Vidal a débuté sa carrière au Maroc en 1986,puis comme chercheur au sein du Cemagref, l’Institut français de Recherches en Sciences et en Technologies pour l’Environnement. Il a ensuite travaillé à la FAO sur l’innovation et le transfert de technologie dans le domaine de l’eau pour l’agriculture, pour revenir au Cemagref de 2003 à 2009 comme directeur des relations internationales. Il est auteur ou co-auteurs de plus de 45 articles scientifiques et éditeur de 5 ouvrages.

Pascale Vidal (Montpellier)

Un corps ne fonctionne pas sans cœur:
Une consultation conjointe pédiatre - psychanalyste

Soigner le corps efficacement ne peut se faire sans l’écoute du cœur. Ne sachant jamais jusqu’où va l’intrication, et encore moins qui est la poule et qui est l’œuf, le soin voire la guérison peut s’avérer un chemin aventureux. Qu’il s’agisse de maladies chroniques ou d’affections aigües, le psychologue peut avoir une parole libérante dans un espace où le médecin fait son travail. Sera présentée le fonctionnement de l’une des rares consultation conjointe pédiatre-psychanalyste en France.

Pascale Vidal, Psychologue et psychanalyste, en libéral et à l'hôpital en Pédiatrie auprès d'enfants atteints de maladies chroniques à Montpellier (F) ; doctorante en Psychanalyse ; membre de l'AIEMPR Paris (F) et Barcelone (E) ; de la Société Psychanalyse Freudienne et de l'Institut de Psychosomatique de Montpellier. Auteur de "La peur du chêne et la confiance du roseau - Pour une loi vivante sur la Sexualité" à paraître, et autres articles sur la prise en charge psychosomatique des enfants à l'hôpital.

Jean-Michel Wissmer (Genève)


"Heidi", le best-seller de la Suissesse Johanna Spyri, paru en 1880, ne peut plus être réduit seulement à un roman pour enfants. Le mythe heidien occupe en effet une place à part dans l’inconscient collectif et ce, dans pratiquement toutes les cultures, puisqu’il réunit dans un même rêve des peuples aussi différents que les Japonais, les Américains ou les Espagnols, se moquant des différences culturelles.

On tentera d’en comprendre les raisons (sensibilité écologique ; retour à l’innocence ?).Spyri était la fille d’un médecin, chirurgien et psychiatre, et d’une mère, poétesse mystique issue du mouvement piétiste. Tout son entourage social et familial est profondément marqué par ces composantes qui sont aussi celles de son fameux roman. Elles sont illustrées par le personnage de Clara, la petite fille handicapée, Peter, le simplet, et par Heidi elle-même qui communique avec Dieu à travers la nature et la prière. Cette dernière, orpheline exilée à Francfort (coupure douloureuse entre le refuge alpin et la prison de la ville), est par ailleurs victime du "Heimweh", le mal du pays, un mal psychosomatique considéré comme typiquement suisse et étudié comme tel par de nombreux chercheurs de l’époque. L’enfant, devenue somnambule, doit pour survivre revenir dans ses montagnes afin de voir à nouveau réunis son corps et son esprit. Ce mythe de l'identité incorpore-t-il, paradoxalement peut-être, des éléments dont il faut tenir compte lorsque l'on aborde la question d'une nouvelle épistémologie ?
Ecrivain-chercheur, Jean-Michel Wissmer a longtemps enseigné le français et l’espagnol au Collège de Genève. Après une maîtrise sur Michel Tournier à Paris IV-Sorbonne en 1980, il s’est tourné vers les lettres hispaniques soutenant en 1997 à l'Université de Genève un doctorat sur le thème du sacrifice chez la poétesse mexicaine du XVIIe siècle, Sor Juana Inés de la Cruz.

Parmi ses nombreuses publications sur le sujet, citons "Las Sombras de lo fingido - Sacrificio y simulacro en Sor Juana Inés de la Cruz" (Instituto Mexiquense de Cultura, Toluca, 1998) et "La Religieuse mexicaine" (éd. Metropolis, Genève, 2000).

Il a collaboré avec les universités de Genève et Lausanne ainsi qu’avec plusieurs institutions mexicaines. En dehors de très nombreux articles sur la littérature hispano-américaine, il est également l’auteur de deux romans, "Emmenez-moi à l’Ange ! Un journal mexicain" (Bartillat, Paris, 2006), et "La Poupée Katchina. Une Genevoise en Amérique (1949-1950)" (Slatkine, Genève, 2008) ainsi que d’une pièce de théâtre, "Songe d’une Soeur", créée en hiver 2010 au théâtre Pitoëff à Genève. Il prépare en ce moment un essai intitulé "Heidi. Enquête sur un mythe suisse".